La rosée d'un monde : le Maroc oublié 1905-1925 - Broché
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Rabat 1914. Ce matin, Henri Prost rassembla toute son équipe dans la grande salle de réunion. Il était dans l'agence depuis six heures du matin. Il avait déjà préparé les plans de la ville de Rabat et de Casablanca sur la grande table centrale. Il avait aussi son carnet d'esquisse et de croquis remplis de ces nombreuses idées. Henri Prost tenait à ce que ses collaborateurs aient bien en tête le concept qu'il voulait développer pour les villes marocaines. Il avait esquissé plusieurs façades et grandes vues en mettant bien en avant cette monumentalité qu'il souhaitait pour son architecture. Depuis qu'il était arrivé au Maroc et que Lyautey lui avait expliqué sa mission, il s'était mis à la recherche d'architectes talentueux comme Maurice Tranchant de Lunel ou Adrien Laforgue Fès 1905. A l'abri dans notre maison, les murmures des agitations nous parvenaient en sautillant de terrasse en terrasse. Elles s'infiltraient à travers les patios et raisonnaient dans le silence serein de nos intérieurs Nous sentions des jours sombres se préparer. La quarantaine bien ancrée, Lalla-Aicha, que tout le monde appelait affectueusement Lalla, menait la barre de Dar Benjelloun de main de maitre Elle avait de l'affection pour tout le monde et acceptait les changements de manière naturelle. Elle gérait les enfants, les petits-enfants ainsi que le personnel, dont la moitié avait grandi en tant qu'esclaves chez ses parents. Leurs vies se confondaient avec la sienne. Dada était le nom par lequel on appelait affectueusement notre nounou Hadda. Elle portait comme tout le personnel de la maison un grand drap autour de sa taille au-dessus de son caftan, qui lui servait de tablier mais aussi d'accroche aux longues traines ou jlails.